Matthieu Ferrand
Aux Etats-Unis, la hantise du déclin de l'empire
Par Shaun TANDON
«WASHINGTON – Tout au long de l’Histoire, les nouvelles puissances ont défié les anciennes sur les champs de bataille, dans les salles de négociations des chancelleries, ou bien en brandissant leurs technologies d’avant-garde.
Et puis, il y a Muscatine, Iowa. Une petite ville tranquille au bord du Mississippi où vécut Mark Twain.
En visitant Muscatine en février dernier, le vice-président chinois Xi Jinping a habilement mis en avant ses liens avec cette ville, où il avait effectué un voyage d’études 27 ans plus tôt, au cours d’une visite officielle aux Etats-Unis formatée pour la télévision. Son attitude était amicale, mais cette visite restera peut-être dans les annales comme un événement historique. Xi doit devenir l’année prochaine le dirigeant suprême de la Chine. Pendant son mandat, la Chine supplantera peut-être les Etats-Unis au rang de première économie mondiale.
Autour des drapeaux étoilés qui flottent fièrement sur les paysages américains, un débat passionné est en cours : la grande époque des Etats-Unis appartient-elle définitivement au passé ? Ces dernières années, l’Amérique a connu ses pires taux de chômage en trois décennies, et les inégalités de revenus ont atteint des sommets. Pour mener une étude de cas pratique sur la théorie du déclin, il suffit de prendre l’avion depuis un des vétustes aéroports américains vers l’un ou l’autre des hubs aériens flambant-neufs de l’Asie.
Et pourtant, les étudiants du monde entier continuent d’affluer vers les universités américaines. Peu d’observateurs objectifs oseraient affirmer que le pays qui a inventé l’avion, l’internet et les Simpsons est en panne de créativité. Sans parler de la supériorité écrasante des Etats-Unis par rapport à n’importe quel autre pays du monde en matière de dépenses militaires.
Evoquer le déclin des Etats-Unis n’est pas nouveau. Pour certains, il a commencé pendant la guerre du Vietnam. Pour d’autres, lors de l’ascension vertigineuse du Japon. Et pourtant, en cette année électorale, la question est encore au centre d’un débat national.
Le candidat républicain à la Maison Blanche, Mitt Romney, accuse sans répit le président Barack Obama de gérer le déclin des Etats-Unis plutôt que de stimuler leur excellence.
Dans les premiers jours du gouvernement Obama, certains de ses conseillers, tout en évitant soigneusement de parler de déclin, avaient avoué qu’ils étaient en train d’étudier les leçons des précédents grands changements dans l’équilibre du monde, comme la montée en puissance des Etats-Unis face à la Grande-Bretagne il y a un siècle, dans le but d’éviter d’entrer en conflit avec la Chine. Depuis, le ton a changé. En janvier dernier, Obama affirmait que sa politique internationale avait rétabli dans le monde « l’impression que l’Amérique est la seule, l’indispensable puissance ».
Récemment, dans un discours, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton défendait avec ferveur un rôle actif des Etats-Unis dans le monde, insistant sur le fait que 2012 « n’est pas 1912, quand des frictions entre une Grande-Bretagne sur le déclin et une Allemagne en plein essor avait préparé le terrain pour la première guerre mondiale ».
Le déclin est également devenu un thème de prédilection pour les penseurs. Dans un récent essai à succès, l’un des plus éminents sinologues américains, Wang Jisi, affirme que les dirigeants chinois sont convaincus que notre époque marque le début de la fin pour la superpuissance américaine, et qu’ils voient dans la plupart des actions des Etats-Unis, y compris celles qui ne datent pas d’hier comme les ventes d’armes à Taïwan ou les appels au respect des droits de l’Homme, les symptômes de faiblesse d’un pays tentant de brider l’ascension de la Chine.»
En savoir plus sur l'illustrateur :
Je dessine depuis tout petit, cette passion m'a pris à l’âge tendre de six ans et c'est 12 ans plus tard que j'ai décidé d'en faire mon métier en entrant à l'école Emile Cohl. Actuellement je monte un atelier de gravure à Villeurbanne avec d'autres amis illustrateurs. Je souhaite travailler pour la presse et réalise beaucoup de dessin d'actu.
Site : www.matthieuferrand.com
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