Décès du journaliste de l’AFP Bernard Estrade
Bernard Estrade, journaliste à l'AFP pendant 40 ans au cours desquels il a couvert guerres et conflits à travers les continents, est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris des suites d'une longue maladie, à l'âge de 65 ans.
Carrure imposante, un côté à la fois baroudeur et vieille France, ce passionné du journalisme a arpenté le monde et rendu compte de ses déchirements du Proche-Orient à l'Afrique, de l'Asie à l'Amérique du nord. Avec une volonté inflexible de déchiffrer les événements, au-delà des explications officielles, et en expert des questions de défense et de stratégie internationales.
Diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille et auditeur de l'Institut des études de Défense nationale (IHEDN), il est entré en 1970 à l'AFP et a commencé sa carrière à Beyrouth (1973-1977), où la guerre civile éclate deux ans après son arrivée. Il est envoyé spécial à Nairobi, Téhéran, et dirige ensuite les bureaux de Hanoi (1980), Téhéran (1982), Nairobi (1983-1989), au moment de la famine en Ethiopie. Il est envoyé spécial en Roumanie en janvier 1990, juste après la chute de Nicolae Ceaucescu. Il fut aussi l'un des rares journalistes occidentaux présents à Bagdad au moment de la première guerre du Golfe (1990-1991), quand les Américains ont commencé à bombarder la capitale irakienne avec des missiles de croisière. Il assiste à l'effondrement de l'URSS en 1991 lorsqu'il dirige le bureau de Moscou, jusqu'en 1993. Il est ensuite directeur à Jakarta (1995-2000) où il couvre la chute de Suharto et la sécession du Timor Oriental. De 2002 à 2004, il est correspondant à l'Onu à New York, les Etats-Unis étant sa seconde patrie -- et celle de sa femme Kate Hunt.
De 2004 à 2009, il est adjoint au rédacteur en chef à Paris, puis directeur par intérim du bureau de Bordeaux en 2010, près de sa ville de naissance, Talence.