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Mauritanie : au cœur du désert, des reporters de l’AFP racontent les trésors d’une ville oubliée et ses sentinelles du sable

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Une ville à l’épreuve du désert, considérée comme un trésor d’architecture, abritant des milliers de manuscrits centenaires conservés par des familles locales. Des soldats perchés sur leur dromadaire, kalachnikov en bandoulière et turban noir ceignant leur tête. En avril 2025, une équipe multimédia de l’AFP s’est rendue dans la cité millénaire de Oualata, dans l’est de la Mauritanie, pour documenter les Ksour, ces villes du désert menacées. Puis, à des heures de trajet, dans les confins du désert, à la rencontre des méharistes, unité militaire montée sur dromadaires. 

Des reportages rendus possibles après des mois de préparation, remarquables pour la beauté de leurs images, mais aussi pour leur rareté : la Mauritanie est un pays difficile d’accès du fait de son régime sécuritaire très strict. Certaines parties du pays sont déconseillés par de nombreuses ambassades du fait du risque jihadiste. 

Alors que les attaques jihadistes gangrènent le Sahel du Mali au lac Tchad, la Mauritanie se démarque par sa stabilité. Ce pays majoritairement désertique d'Afrique de l'Ouest partage pourtant 2 200 kilomètres de frontières souvent poreuses et mal définies avec le Mali, en proie à une insurrection jihadiste. Pourtant, la menace jihadiste y plane, et la prudence reste de mise. Toute la partie est de la Mauritanie reste « formellement déconseillée » par de nombreux pays. Peu de médias internationaux s’y aventurent. Malgré l'accès contrôlé au pays, les équipes de l’AFP continuent tout de même d’y couvrir l’actualité et d'y réaliser des reportages.

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Des membres de la Garde nationale méhariste prient après avoir installé leur camp en périphérie d’Oualata, le 6 avril 2025. © Patrick Meinhardt / AFP

En avril 2025, une équipe de l’AFP s’est ainsi rendue sur place et a réalisé une série de reportages sur « les méharistes, sentinelles du désert mauritanien face au risque jihadiste », sur Oualata, « une ville médiévale » et « ses manuscrits centenaires à l'épreuve du désert », ainsi qu'un article général résumant la stabilité sécuritaire du pays. Cette mission a été menée par Éléonore Sens, adjointe à la directrice du bureau de Dakar, Patrick Meinhardt, coordinateur photo pour l’Afrique de l’Ouest, et le journaliste reporter d’images Magatte Gaye. Tous les trois travaillent au bureau de Dakar, qui couvre neuf pays de la région. Pendant dix jours, ils ont sillonné le désert mauritanien. 

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En Mauritanie, une ville médiévale et ses manuscrits centenaires à l'épreuve du désert

Reportage vidéo sur la cité médiévale de Oualata. © Magatte Gaye / AFP


Genèse du reportage

C’est depuis Dakar qu’Éléonore Sens, journaliste reporter d’images depuis près de dix ans à l’AFP, à Londres puis Washington et New York, coordonne cette mission, sa première en tant que reporter texte. Une mission qui a nécessité beaucoup d’organisation et de préparation en amont. 

« Le mot qui peut résumer cette mission : patience. Face à l'administration d'abord. Les procédures pour obtenir des autorisations de tournage sont très longues en Mauritanie et notre demande a dû être validée par plusieurs ministères. Il a fallu s’armer de patience et ne pas hésiter à décrocher le téléphone plusieurs fois par semaine pendant des mois. » Une fois les autorisations obtenues, l’équipe intègre un convoi de l’armée mauritanienne pour se rendre dans le désert à l’est du pays. « Il faut deux jours de route depuis la capitale pour atteindre la ville de Oualata et, à partir de là, nous avons pu suivre les pistes vers les parties plus reculées du désert. »

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Une femme marche dans la vieille ville (1re photo), tandis qu'un fidèle musulman se rend à la mosquée avant la prière du vendredi midi (2e photo) à Oualata, le 4 avril 2025. Oualata fait partie d’un quatuor de villes anciennes fortifiées, ou « ksour », inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. À leur apogée, ces villes étaient des centres commerciaux et religieux, abritant aujourd’hui des trésors datant du Moyen Âge. © Patrick Meinhardt / AFP


Oualata : 1re étape

À Oualata, cité médiévale en plein cœur du désert mauritanien, l’exode des habitants dure depuis des décennies, tous cherchant des opportunités économiques meilleures. Abandonnés, de nombreux bâtiments historiques tombent en ruines. Ici, le temps semble s’être arrêté. « Oualata est l'une d'une série de quatre villes anciennes fortifiées (ou « ksour »), inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO qui, à leur apogée, étaient des centres commerciaux et religieux et abritent aujourd'hui des joyaux datant du Moyen Âge », explique Patrick. Derrière ses murs rouges sculptés, on trouve encore seize bibliothèques familiales qui abritent des manuscrits islamiques datant du Moyen Âge, transmis de génération en génération.

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Le responsable de la bibliothèque, Mohamed Ben Baty, examine un ancien manuscrit à l’intérieur de la bibliothèque Taleb Boubacar à Oualata, le 4 avril 2025. © Patrick Meinhardt / AFP
 

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Des fidèles musulmans quittent la mosquée après la prière du vendredi midi à Oualata, le 4 avril 2025. © Patrick Meinhardt / AFP
 

« Cette photographie montre des fidèles musulmans quittant la mosquée d'Oualata après la prière du vendredi midi. La ville a conservé la majeure partie de son architecture et donne l'impression d'être un endroit où le temps s'est arrêté. La mosquée a récemment été rénovée mais a conservé son design et sa structure d'origine. Voir les fidèles sortir après la prière donnait l'impression de remonter dans le temps. »


Les routes caravanières

La mission se poursuit, à quelques heures de route de Oualata. La patience revêt alors une autre forme, celle des temps de trajet. « Nous avons traversé pendant deux jours, en convoi, des pistes sur les anciennes routes caravanières en plein désert. Après avoir quitté la vieille ville de Oualata, qui me semblait déjà être le bout du monde, nous sommes arrivés sur les plateaux dans le désert. En sortant de la voiture, j’ai été saisie par cet environnement inhospitalier. La chaleur infernale, le sable qui nous fouettait le visage, le vent à décorner les bœufs. Et pourtant, des familles de bédouins vivent là. »

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Vue aérienne de la ville d’Oualata, 4 avril 2025. © Patrick Meinhardt / AFP

 

Après des heures de piste, l’équipe est accueillie en musique et en danses, au son des youyous des femmes. 

« Dès que nous sommes sortis des voitures, notre équipe et les gens du convoi ont filmé cet accueil. Au bout de quelques minutes, je me suis rendu compte qu’en face, les bédouins nous filmaient aussi avec des téléphones portables dernier cri, sûrement pour partager notre arrivée sur les réseaux sociaux. Nous étions au fin fond du désert, à des centaines de kilomètres de la route bitumée la plus proche. Nous n’avions plus de réseau et pourtant, on se filmait les uns les autres avec nos téléphones plutôt que de nous saluer. » 

En sortant de la voiture, j’ai été saisie par cet environnement inhospitalier. 

La chaleur infernale, le sable qui nous fouettait le visage, le vent à décorner les bœufs. 

Éléonore SENS Adjonte au bureau de Dakar

La rencontre avec les méharistes

Dernière étape pour rencontrer les méharistes. L’équipe accompagne pendant deux jours ces cavaliers du désert, héritiers des unités créées sous la colonisation française. Ils ont retrouvé un rôle central dans la stratégie sécuritaire de ce pays d'Afrique de l'Ouest, voisin du Mali empêtré dans les violences jihadistes. Ainsi, pour dompter son immense territoire majoritairement désertique, la Mauritanie a misé sur le rythme lent du dromadaire, au lieu des 4x4 qui s'enlisent dans le sable. 

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• 1re photo : Un membre de l’unité de la Garde nationale méhariste en position lors d’un exercice d’entraînement dans la région du Hodh Ech Chargui, le 7 avril 2025. © Patrick Meinhardt / AFP

• 2e photo : Vue aérienne des membres de l’unité de la Garde nationale méhariste en patrouille dans la région du Hodh Ech Chargui, le 7 avril 2025. © Patrick Meinhardt / AFP

• 3e photo : Sidi, membre de l’unité de la Garde nationale méhariste, pose à côté de son chameau dans la région du Hodh Ech Chargui, le 7 avril 2025. © Patrick Meinhardt / AFP
 

« Nos deux points de contact principaux ont été le commandant des unités de la Garde nationale mauritanienne et Peer de Jong du groupe Thémiis, qui accompagne le projet de développement de la garde méhariste. Grâce à eux, nous avons pu approcher les méharistes », confie Éléonore. 

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Vue aérienne montrant des membres de l’unité de la Garde nationale méhariste en patrouille dans la région du Hodh Ech Chargui, le 7 avril 2025. © Patrick Meinhardt / AFP
 

« Cette photo prise par drone a été réalisée lors d'une patrouille avec des membres de l'unité de Garde nationale méhariste dans la région de Hodh Ech Chargui, en avril 2025. Nous les avions rencontrés la veille et avions passé la nuit dans leur camp avant de partir en patrouille tôt le matin. Nous avions emporté le drone avec nous car nous voulions montrer l'immensité de la zone qu'ils patrouillent. Il était tôt et le soleil n'avait pas fini de se lever, créant des ombres allongées des soldats montant leurs chameaux. À ce moment-là, deux unités allaient dans des directions opposées, créant ces jolis motifs. Je trouvais que les ombres illustraient bien cette idée d'une garde furtive patrouillant dans le désert, toujours en alerte. »


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