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Le correspondant de l'AFP en Somalie et trois autres journalistes distingués

Quatre journalistes, dont le correspondant de l'AFP en Somalie Mustafa Haji Abdinur, ont reçu mardi à New York le prix international de la liberté de la presse 2009, décerné par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), organisme de défense des journalistes. Les journalistes récompensés, outre Mustafa Haji Abdinur, sont la Tunisienne Naziha Réjiba, l'Azerbaïdjanais Eynulla Fatullayev et le Sri Lankais J.S. Tissainayagam.

Quatre journalistes, dont le correspondant de l'AFP en Somalie Mustafa Haji Abdinur, ont reçu mardi à New York le prix international de la liberté de la presse 2009, décerné par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), organisme de défense des journalistes. Les journalistes récompensés, outre Mustafa Haji Abdinur, sont la Tunisienne Naziha Réjiba, l'Azerbaïdjanais Eynulla Fatullayev et le Sri Lankais J.S. Tissainayagam.

Mustafa Haji Abdinur (à droite) ©AFP/Getty Images

Mustafa Haji Abdinur, 27 ans, est depuis trois ans le correspondant de l'Agence France-Presse en Somalie, un pays livré au chaos et à la guerre depuis 1981. Il a fondé en 2007 une radio indépendante, Radio Simba, dont il est le rédacteur en chef. "En m'attribuant ce prix, ils reconnaissent le courage de tous les journalistes qui travaillent en Somalie", a déclaré Mustafa Haji Abdinur. "Ils rendent hommage à tous ces reporters qui ont fait des sacrifices énormes pour leur profession", a-t-il poursuivi. "Jamais au cours de ma vie --j'ai 27 ans-- la Somalie n'a eu de gouvernement central", a-t-il expliqué. "C'est pour cela qu'il est si dangereux d'être reporter: il n'y a ni police, ni armée, ni système judiciaire pour nous protéger quand il y a un problème".

Mustafa Haji Abdinour "a vu six de ses confrères tués cette année dans des échanges de tirs dans les rues de Mogadiscio, ou abattus dans l'exercice de leur métier. Il figure parmi les très rares journalistes qui ont le courage de travailler à Mogadiscio en dépit de la violence et d'une économie en ruines", avait relevé le CPJ au moment de l'annonce des lauréats. Naziha Réjiba, "une des journalistes les plus critiques de Tunisie", selon le CPJ, dirige un site d'information indépendant, Kalima, qui a dû fermer en octobre 2008 à la suite d'une attaque informatique dont elle accuse le gouvernement. Elle a cofondé l'Observatoire de la liberté de la presse, de l'édition et de la création.

"Je ne suis ni une héroïne, ni une victime, juste une journaliste qui voudrait travailler dans des conditions normales", a-t-elle dit. Les autres lauréats, emprisonnés dans leurs pays respectifs, n'étaient pas présents à la remise des prix dans un grand hôtel de Manhattan. Le journaliste azerbaïdjanais Eynulla Fatullayev a été condamné fin 2007 à 8 ans de prison pour "terrorisme" à la suite d'un article sur les relations entre son pays et l'Iran. Le journaliste sri-lankais d'origine tamoule J.S. Tissainayagam est détenu depuis mars 2008, et a été condamné à 20 ans de prison en septembre dernier pour des articles jugés contraires à "l'harmonie de la communauté". Il a reçu cette année le premier prix Peter Mackler du "journalisme éthique et courageux", un prix créé à la mémoire de l'ancien rédacteur en chef de l'Agence France-Presse pour l'Amérique du Nord, décédé en 2008. Un reporter chinois récompensé en 2001 et qui était détenu depuis 2000 pour avoir exercé son métier, Jiang Weiping, ancien journaliste du quotidien Wen Hui Bao et de l'agence Xinhua, est sorti de prison et a pu recevoir son prix à New York mardi. Au cours de la cérémonie, l'éditorialiste du New York Times Anthony Lewis a aussi reçu le prix Benjamin Burton pour toute sa carrière dans le célèbre quotidien.