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Erin Patterson, la tueuse aux champignons

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Le repas

Un après-midi d’hiver en juillet 2023. L’Australienne Erin Patterson organise un déjeuner et convie chez elle ses beaux-parents ainsi que son oncle et sa tante, sous prétexte de leur annoncer une nouvelle importante. Elle y sert, en guise de repas, un bœuf Wellington - « délicieux » selon tous les témoignages. Le bœuf est préparé avec du filet de bœuf, une pâte feuilletée dorée… et les champignons les plus vénéneux connus par l’homme. Le drame sera surnommé « le procès du siècle » en Australie.

Pendant deux ans, le bureau de l’AFP en Australie suit chaque rebondissement de l’affaire : du déni de Patterson durant les jours qui ont suivi le repas, jusqu’au procès qui durera deux mois. Une tâche immense, nécessitant minutie, flexibilité, créativité et travail d’équipe.

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Un champignon « Death Cap » (photo 1) au Jardin botanique royal de Melbourne, le 31 mars 2021. © William West / AFP


Erin Patterson, meurtrière condamnée (photo 2), est escortée hors de la Cour suprême de l’État de Victoria à Melbourne le 25 août 2025. © Martin Keep / AFP


Le bureau

Pour le bureau australien de l’AFP, l’affaire des « meurtres aux champignons » démontre l’importance d’une présence permanente sur le terrain. L’intérêt mondial étant immense, il est impensable de ne pas être sur place pour livrer dépêches, photos et vidéos avec rapidité et précision. Pendant deux ans, une large équipe est mobilisée pour couvrir cette histoire.

Tout commence comme une énigme : comment des champignons mortels se sont-ils retrouvés dans un bœuf Wellington ? S’agit-il vraiment d’un accident, comme l’affirme Patterson? Une histoire de ce genre ne se couvre pas en quelques jours, aussi l’équipe de l’AFP doit-elle rester attentive à chaque évolution, notamment le jour où Patterson est arrêtée.

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Vue générale (photo 1) de la maison d’Erin Patterson à Leongatha, le 20 mai 2025. © William West / AFP


Des champignons (photo 2) poussant près de la maison d’Erin Patterson à Leongatha, le 20 mai 2025. © William West / AFP


Le procès

Le procès se tient à Morwell, petite ville tranquille connue pour ses rosiers primés, dans l’État de Victoria, à deux heures de route de Melbourne. Pendant 11 semaines, la ville devient le centre d’une frénésie médiatique, attirant journalistes, photographes, vidéastes, auteurs, podcasteurs et producteurs télé. Après une préparation minutieuse, l’AFP décide de dépêcher deux photographes et un JRI dès le premier jour pour capter l’ambiance. Les semaines suivantes, l’équipe effectue régulièrement le trajet Melbourne-Morwell. Le défi principal est de parvenir à photographier Patterson — qui jusque-là avait échappé aux caméras, ce que réussit pourtant à faire le photographe de l’AFP Martin Keep.

 

Les places réservées aux médias étant limitées, la plupart des journalistes suivent le procès dans une salle annexe où il est retransmis. Le tribunal prend la mesure exceptionnelle de fournir une liaison audio pour les journalistes. Les enregistrements étant interdits, les reporters prennent des notes à toute vitesse, six heures par jour, tout en couvrant les témoignages de 50 personnes, puis en rédigeant leurs articles. Des restrictions légales strictes encadrent ce qui peut être publié, afin de garantir un procès équitable et de protéger l’identité de certains témoins.

 

L’AFP produit également une enquête approfondie publiée après le verdict. La journaliste Laura Chung et le photographe William West se rendent à Morwell et Leongatha dans les dernières semaines du procès pour comprendre le quotidien de la communauté au cœur de l’affaire. Ils visitent ainsi la grande maison où fut organisé le déjeuner, longent la route bordée de chênes où Patterson a ramassé les champignons mortels, l’église des victimes, et les tombes des convives décédés. Ils font aussi un détour par le tribunal, dans lequel un jury de 12 personnes décide du sort de Patterson. Le jour du verdict, la salle est remplie de proches et de journalistes. Laura entre dans la salle et croise, l’espace d’un instant, le regard de la « cuisinière meurtrière », connue pour fixer les reporters.

Les photos, vidéos et textes de ce reportage ont permis de publier une rétrospective approfondie de l’affaire, assortie d’une chronologie et d’un récit sur le verdict.

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Me Colin Mandy (photo 1), avocat principal, est encerclé par les médias à sa sortie du tribunal de Latrobe Valley, à Morwell, le 7 juillet 2025. © William West / AFP


Simon Patterson (photo 2), le mari, quitte le tribunal de Morwell le 2 mai 2025. © Martin Keep / AFP


Ian Wilkinson, pasteur baptiste ayant survécu après une longue hospitalisation, invité au déjeuner d’Erin Patterson (photo 3), à Morwell, le 30 juin 2025. © Martin Keep / AFP


Une couverture au long cours

Pouvez-vous vous présenter brièvement ? 

Je suis Laura Chung, correspondante AFP pour l’Australie, avec 10 ans d’expérience. J’ai rejoint l’AFP en 2024.

 

Comment couvrir une histoire aussi longue ?

Cette affaire a captivé l’Australie (et le monde) dès juillet 2023. Personne n’arrivait à y croire, tant l’histoire était macabre, triste et sordide. Je n’étais pas encore à l’AFP quand l’affaire a éclaté, mais mes collègues y étaient déjà, eux. Dès le départ, ils ont travaillé d'arrache-pied pour couvrir ce sujet complexe avec précision et rapporter au mieux chaque nouveau rebondissement. A l’approche du procès, j'avais en revanche rejoint l'AFP et aidé notre bureau à planifier la couverture. Nous devions coordonner photographes, vidéaste et journalistes texte, en veillant à ce que chacun sache quoi faire et quand. Cette communication constante entre les équipes s'est avérée essentielle. Bien que les procès puissent sembler passionnants et trépidants à la télévision, en fait, dans la réalité, ils sont bien plus ennuyeux. Les journées sont remplies de plaidoiries juridiques, de longs témoignages, de silences et de beaucoup d'attente.

 

Un souvenir marquant ?

Ce qui m’a frappée, c’est la qualité du travail en équipe. Une couverture aussi complexe et longue peut être éprouvante, mais avoir une équipe soudée fait toute la différence.

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Me Colin Mandy (à droite) arrive au tribunal avec (de gauche à droite) l’avocate Ophelia Holloway, la barrister Sophie Stafford et l’avocat Bill Doogue, à Morwell, le 7 juillet 2025. © William West / AFP

Alors que les procès au tribunal peuvent sembler excitants et rapides à la télévision, en réalité, ils sont beaucoup plus ennuyeux dans la vraie vie

Laura Chung Journaliste

Les photos

Pouvez-vous vous présenter brièvement ? 

Je suis Martin Keep, photographe indépendant basé à Melbourne (originaire du Royaume-Uni), spécialisé dans l’actualité et le sport et je collabore avec l’AFP depuis 2022.

 

Comment avez-vous réalisé la série de photos d’Erin Patterson dans le fourgon pénitentiaire ?

Bien que ce procès ait passionné le monde entier, d’un point de vue photographique, il offrait peu de matière : toujours les mêmes personnes entrant et sortant du tribunal, jour après jour. Au départ, l’angle était l’afflux de médias internationaux, la façon dont ces médias du monde entier avaient fait le voyage pour couvrir cette affaire hors du commun. J’ai donc passé deux jours de la première semaine du procès à photographier les équipes de médias rassemblées à l'extérieur. Le 2ème de ces deux jours était un vendredi, jour où l’accusée, à la fin des audiences, devait être ramenée à Melbourne : en raison de la géographie du procès, Patterson, qui était détenue en détention provisoire au centre Dame Phyllis Frost à Melbourne, était transportée jusqu'à Morwell le lundi matin, puis détenue dans une cellule au poste de police adjacent, avant d'être ramenée à Melbourne le vendredi après-midi.

Le vendredi après-midi est donc arrivé et un petit groupe de photographes attendait à l'entrée du poste de police, espérant apercevoir Erin Patterson alors qu'elle était dans le fourgon pénitentiaire. Malheureusement le véhicule est arrivé, a franchi le portail et est entré dans un garage avec une porte roulante se refermant derrière elle : impossible de la voir. Notre seule chance était de viser la petite fenêtre noire du fourgon et de croiser les doigts. J’ai examiné les images et à ma grande surprise, elle était là ! Le seul inconvénient était que la photo avait été prise à 50 000 ISO, était incroyablement granuleuse, sombre et floue. La femme que nous recherchions avait regardé droit dans mon objectif… mais la photo était à peine utilisable.

 

Quels ont été les défis ?

Cela représentait un sacré défi : comment prendre une photo à travers une minuscule fenêtre teintée, perchée à plus de deux mètres, sur un véhicule en mouvement ? Ces fenêtres ne sont pas conçues pour le regard indiscret des médias internationaux. Je me suis longtemps interrogé pour savoir si j'avais raté la meilleure, si ce n’est la seule occasion de prendre une photo. Cela m'a hanté pendant une dizaine de jours, tandis que je développais un plan d'attaque : il devait bien y avoir un moyen de faire entrer plus de lumière dans la fenêtre pour avoir une bonne photo.

J’ai conçu un dispositif photo fait maison, avec deux puissants flashs placés juste au-dessus de la lentille frontale de mon objectif 16-35 mm, auquel j’avais fixé un large pare-soleil en caoutchouc. L’idée était de projeter suffisamment de lumière pour traverser la vitre sombre, tout en utilisant le grand pare-soleil pour éliminer les reflets du flash qui pourraient revenir dans l’objectif. Le seul petit hic, c'est que ma mission sur le procès était terminée, nous ne prévoyions aucune autre couverture avant plus tard dans le procès.

Mais je voulais cette photo. L'échec de ce premier vendredi commençait à me ronger. J'ai donc informé le bureau de Sydney que j'allais retourner à Morwell dès que possible pour la photographier à nouveau. J’en avais fait une affaire personnelle. La prochaine occasion s'est avérée être en fait un jour de repos pour le jury. Le tribunal ne siégeait pas ce jour-là, mais les équipes juridiques de l'accusation et de la défense seraient présentes, ce qui signifiait que Patterson serait également là. Je suis arrivé en ville pour constater qu'aucune autre équipe presse n'était présente. Aucun autre photographe, aucune équipe de télévision et aucun réalisateur de documentaire – tous avaient décidé de profiter de ce jour de repos pour se reposer eux-mêmes. Il n'y avait donc que moi et mon dispositif fait maison.

Trois heures se sont écoulées avant que le fourgon n'arrive mais, quand il s'est arrêté devant le portail, c'était le moment d'agir. Le mécanisme d'ouverture du portail obligeait le fourgon à rester à l'entrée pendant environ 30 secondes, me donnant juste assez de temps pour faire le tour des fenêtres des quatre cellules individuelles, sans savoir dans laquelle elle pouvait bien se trouver. Quand le fourgon a finalement franchi le portail, j’ai enfin pu vérifier les prises sur l'appareil et, à mon grand soulagement, elle était là. Je l’avais. Le dispositif avait parfaitement fonctionné et j'avais le visage de l'une des plus grandes actualités internationales du moment qui me fixait. Sept clichés en tout ; une série qui commence avec Patterson qui me regarde droit dans les yeux et qui se termine avec elle, se cachant derrière ses mains. Cela a duré moins d'une demi-seconde mais j'avais ce pour quoi j'avais fait le déplacement. J'ai immédiatement appelé le bureau de Sydney pour les informer de ce que j'avais obtenu. Ensuite, il a juste fallu attendre le verdict. Au cours des huit semaines suivantes du procès d’autres photographes ont tenté, sans succès, de reproduire ce cliché. Au fil des 11 semaines du procès. Quand le procès s’est achevé le 7 juillet 2025, l’AFP avait l’exclusivité des photos de la triple meurtrière.

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Erin Patterson (photos 1 à 6) dans le fourgon pénitentiaire à Morwell, le 12 mai 2025. © Martin Keep / AFP


Les médias (photo 7) suivent le véhicule de police transportant Patterson, le 7 juillet 2025. À gauche, Martin Keep avec son dispositif photo improvisé. © William West / AFP

J'avais besoin de cette photo

Martin Keep Photographe