Prix et récompenses

Sylvain Estibal, journaliste à l’AFP, reçoit le César 2012 du meilleur premier film

Sylvain Estibal, responsable photo de l’AFP pour la région Amérique latine, s’est vu décerner le César 2012 du meilleur Premier Film pour « Le Cochon de Gaza » dont il est le réalisateur, lors de la cérémonie de remise des récompenses du cinéma français.

Co-production française, allemande et belge, « Le Cochon de Gaza » est sorti en septembre 2011 et a rassemblé 300.000 entrées. Fable humaniste et burlesque sur fond de conflit israélo-palestinien, cette première réalisation relate l’histoire d’un pécheur de Gaza qui remonte un jour dans ses filets un cochon, animal qui n’a droit de cité chez aucun des peuples de la région.

Sylvain Estibal s’est notamment inspiré de ses expériences de journaliste et photographe pour réaliser son projet. « Le Cochon de Gaza » a également reçu le Prix du Public au festival de Tokyo en novembre dernier et le Prix Henri Langlois 2012 dans la catégorie « Engagement et humanité » en janvier 2012.

« C'est une grande satisfaction car le sujet étant tellement sensible, je n'étais pas sûr que le film soit bien reçu. Je craignais même des réactions assez hostiles. En réalité, les deux camps se sont appropriés le film et les retours des gens concernés par le conflit sont jusqu'à maintenant très positifs. La dose d'humour absurde que contient le film aide à faire passer le message » a déclaré Sylvain Estibal. Actuellement en poste à Montevideo en Uruguay, Sylvain Estibal, journaliste, photographe et réalisateur, est également écrivain.

Son premier roman, « Le Dernier Vol de Lancaster » (Actes Sud, 2003), a été adapté au cinéma en 2009 par Karim Dridi (« Le Dernier Vol », avec Guillaume Canet et Marion Cotillard). Message de Sylvain Estibal : « Ce César me fait bien entendu extrêmement plaisir, pour moi et pour l'agence qui a entouré ce projet d'une merveilleuse bienveillance depuis le début. Je ne voulais pas décevoir ceux qui m'ont autorisé cette parenthèse, les collègues et amis qui y travaillent et dont je me suis un peu senti le porte-drapeau. Je voulais aussi ne pas trahir la démarche et l'exigence journalistique de l'agence dans le traitement de mon film. C'était très important pour moi. J'ai essayé de garder une sorte de ligne éditoriale AFP, neutre et décrivant la réalité telle qu'elle est.

Le film est une fable mais j'étais très attaché à l'idée qu'il devait ainsi montrer la réalité sur le terrain, décrire la situation, tout en y ajoutant bien sûr une dose de burlesque et d'imaginaire. Je vois ce film comme un prolongement du travail journalistique dans le domaine artistique, avec une dose d'engagement en plus, mais pour moi il y a une certaine cohérence avec ce que nous faisons à l'agence. J'ai d'ailleurs trouvé que le travail de réalisation s'apparente beaucoup dans le fonctionnement à celui de responsable au sein d'une agence de presse comme la nôtre où l'on est amené à prendre des décisions multiples quotidiennement, à différents niveaux, liés à l'humain, liés à la couverture, des fois pratiques, basiques, des fois importantes et tout cela avec plus ou moins d'urgence. C'est un peu la même façon de fonctionner pour un réalisateur sur un plateau.

En cela, j'ai senti que mon travail à l'AFP a été un gros atout et m'a préparé au tournage, je me suis senti assez à l'aise dès le début du tournage pour gérer l'équipe et obtenir ce que je voulais. La seule inconnue était finalement la direction d'acteurs. J'ai sauté dans le vide en essayant de ne pas me faire mal à l'atterrissage ! Concernant l'adaptation de mon livre "Le dernier vol de Lancaster", qui lui aussi mêlait journalisme et fiction, je dirai que le résultat décevant qui en a résulté m'a décomplexé et convaincu que je devais aller moi-même au bout d'un prochain projet cinématographique pour ne pas me sentir trahi.

J'ai essayé d'en tirer un enseignement d'autant que le sujet me tenait à coeur et que je voulais absolument garder cette fameuse "ligne AFP" ! Je veux vraiment partager ce César avec toutes les équipes de l'AFP, je suis fier plus que jamais d'appartenir à cette agence, et veux tous vous remercier pour votre soutien et vos messages ».