Au fil de l'AFP

Décès de Jean Miot, baron de la presse française du XXe siècle

Personnalité haute en couleur de la presse française, Jean Miot, qui a collectionné les présidences de journaux du puissant groupe Hersant avant de devenir PDG de l'AFP, est décédé dans la nuit de lundi à mardi, à l'âge de 77 ans.

Portrait de Jean Miot, daté du 5 février 1996 La carrière prolifique de cet amateur de bonne chère et de bon vin, connu pour sa silhouette massive et son éternel noeud papillon, a accompagné 30 ans d'histoire des journaux à la fin du XXe siècle.

Chevalier de la Légion d'honneur et franc-maçon, il a longtemps présidé le Syndicat de la presse parisienne et la Fédération nationale de la presse française, les grandes fédérations patronales de ce monde de l'imprimé qu'il connaissait comme sa poche. Au point que ses pairs l'appelaient "Monsieur les présidents".

Né le 30 juillet 1939 à Châteauroux (Indre), Jean Miot a fait toutes ses études dans son Berry natal, auquel il était très attaché. C'est là qu'il est décédé, dans sa maison de Saint-Denis-de-Jouhet.

Fils d'un professeur de musique et accordeur de pianos, il avait attrapé le virus de la presse à 16 ans en entrant à la rédaction de son quotidien régional, "L'Eclair du Berry", racheté peu après par Robert Hersant et disparu depuis. Il restera trente ans au sein du groupe Hersant.

Auprès de cet incontournable "papivore", Jean Miot gravit tous les échelons. Dans les années 70, Il devient rédacteur en chef de France-Antilles, directeur politique du Havre-Presse, directeur-gérant de France Antilles, fondateur de France-Guyane, puis rédacteur en chef de Paris-Normandie et directeur du Berry républicain.

Il rejoint ensuite la direction du groupe de Robert Hersant, qui lui confie la restructuration des rédactions de Nord Matin et de Nord Eclair.

Il est ensuite promu membre du directoire puis directeur délégué - numéro 2 - du Figaro de 1980 à 1993, avant d'en devenir président du conseil de surveillance.

Dans ces années de difficiles restructurations dans la presse en raison des évolutions technologiques, il fut l'un des interlocuteurs privilégiés du Syndicat CGT du Livre, au cours de négociations houleuses avec son alter ego côté syndical, Roger Lancry.
 

- Un homme de réseaux -


Homme de réseaux, Jean Miot a dirigé ou administré de multiples institutions: OJD, Conseil supérieur des Messageries de presse, Association européenne des éditeurs de journaux, Sofirad, Cercle d'information sur les médias européens, Press Club de France, Association presse enseignement...

Il a également été membre du Conseil économique et social entre 1994 et 1999.

Membre de nombreuses sociétés oenologiques ou d'art de vivre, (Boyaux rouges, Maîtres pipiers de Saint-Claude...) il cumulait aussi les titres honorifiques (commandeur du Lion au Sénégal)

En février 1996, grâce à l'appui de ses homologues patrons de presse, il est élu PDG de l'AFP face au sortant Lionel Fleury. Sous sa direction, l'AFP a acquis l'agence de sport allemande SID, et s'est lancée sur internet et dans la vidéo.

"Jean Miot fut un grand dirigeant de presse, qui resta jusqu'au bout très attaché à l'AFP, à ses développements notamment dans la vidéo et à son rayonnement international", a déclaré mardi le président de l'AFP Emmanuel Hoog.

Il ne restera à ce poste que 3 ans. Après un audit sévère du ministère des Finances sur sa gestion, il est écarté en 1999 au profit d'Eric Giuily.

Jean Miot retourne alors au Figaro comme chroniqueur gastronomique, puis tient une rubrique art de vivre, tourisme et gastronomie dans Valeurs Actuelles. Depuis 2003, il présidait le Prix Press Club, Humour et Politique. Il était père de 5 enfants.