Le témoignage d’Emmanuel Hoog, PDG de l’AFP, pour la Tribune
Un journal s'arrête. Un titre vacille. Avec quelle encre son histoire va-t-elle désormais s'écrire ?
Un journal s'arrête. Un titre vacille. Avec quelle encre son histoire va-t-elle désormais s'écrire ?
Il est peu de dire que le patron de l'AFP que je suis est triste, et avec lui tous ses collaborateurs. Parce que -et c'est une telle évidence que le dire relève presque de la litote- un journal tourne sa dernière page et un peu de démocratie et de débats d'idées s'éteint avec lui. Parce que, là encore, le dire relèverait de la banalité, une aventure humaine comme un journal n'est jamais une expérience comme une autre. Parce ce que, là où le pluralisme et le choix chancellent, c'est la perte d'un souffle de liberté.
Quel paradoxe à l'heure où jamais la demande, la soif d'information n'ont été aussi fortes ! Est-ce que cette crise sans précédent balaie seulement un modèle économique, une forme d'accès à l'information ou plus largement les valeurs de liberté, de critique que la presse porte et emporte avec elle ? La question est posée d'abord et avant tout aux hommes d'information que nous sommes. C'est le grand défi. Le bruit, si l'on n'y prend pas garde, peut remplacer l'information, la rumeur la vérité, l'anecdote l'histoire. Tout est à inventer, à réécrire. Les guerres de tranchées sont perdues d'avance, il faut inventer, bouger, aller de l'avant.
En responsabilité, avec l'ensemble des équipes de l'Agence qui, chaque jour, font l'information sous toutes ses formes, nous combattons pour une information rapide, vérifiée et indépendante, avec en tête la recommandation d'un homme qui sut gagner les plus grandes victoires, Winston Churchill : « pour s'améliorer il faut changer. Donc pour être parfait, il faut avoir changé souvent ». Alors, oui, en changeant, l'information continuera à s'écrire avec l'encre de la liberté.
Emmanuel Hoog, président-directeur général de l'AFP
(http://www.latribune.fr/technos-medias/medias/20120129trib000681047/merci-.html)