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L'AFP au coeur de la violence, à Soueida

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La chute de Bachar al-Assad

La chute de Bachar al-Assad en décembre 2024 a radicalement changé notre couverture de la Syrie. Pour la première depuis des années, l’AFP a eu un accès libre et une liberté relative de mouvement dans ce pays, où l'agence a maintenu un bureau depuis des décennies.

Nos correspondants, basés auparavant dans l’enclave d’Idleb qui échappait au contrôle du régime de Bachar al-Assad, ont accompagné les troupes rebelles dans leur offensive fulgurante sur les grandes villes –Alep, Hama, Homs puis Damas, assurant une couverture exclusive. Dans la capitale, nous avons été parmi les premiers à envoyer les images de Damas aux mains des forces rebelles, et sommes entrés au quartier général des services de renseignements, après la fuite de Bachar al-Assad, ainsi que dans la sinistre prison de Saydnaya.

Nos stringers qui venaient des zones rebelles de Syrie ont fait le 8 décembre la connaissance des journalistes du bureau de Damas, resté ouvert pendant toute la guerre civile, et les deux équipes ont fusionné. Des envoyés spéciaux du bureau de Beyrouth, dont relève Damas, et des reporters de différents bureaux de l’AFP les ont rejoints pour ces moments historiques.

 

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Rassemblement sur la place Karama pour accueillir l’arrivée des combattants rebelles des gouvernorats d’Alep et de Daraa à Soueida, le 10 décembre 2024. La chute d’Assad le 8 décembre a placé la Syrie à un carrefour, après près de 14 ans de guerre civile. © Shadi Al Dubaisi / AFP

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Une fillette tient un ballon lors d'un rassemblement sur la place Karama, à Soueida, le 29 décembre 2024. © Bakr Alkasem / AFP


La présence permanente de l'AFP

Les violences à Soueida, province à majorité druze du sud de la Syrie, ont commencé le 13 juillet avec l’enlèvement d’un commerçant druze par des Bédouins locaux. Mais les tensions étaient vives depuis des semaines, et l’intervention des forces gouvernementales, qui ont affirmé vouloir séparer les belligérants, a aggravé la situation.

Nous avons pu, grâce à notre présence sur le terrain, rapporter les exactions de masse dans la ville de Soueida, de la part des forces gouvernementales, mais également des combattants bédouins et des factions druzes.

Israël, qui a affirmé vouloir protéger la minorité druze, a bombardé le quartier général de l’armée syrienne à Damas -- où nous avons pu pénétrer -- et le palais présidentiel, pour obliger les forces gouvernementales à se retirer de Soueida.

Les autorités ont alors encouragé des combattants tribaux venus des différentes régions de la Syrie à affluer vers Soueida, où ils ont pu pénétrer dans des quartiers de la ville aux prix de violents combats. Là aussi, nous étions présents sur le terrain, du côté des forces tribales comme du côté des combattants druzes qui défendaient la ville.

Les combats ont pris fin après la proclamation le 19 juillet d’un cessez-le-feu, à la suite de l’intervention des Etats-Unis

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Des Bédouins à moto, quittant les environs du village druze d’al-Mazraa dans le gouvernorat de Soueida, le 17 juillet 2025, après des affrontements. La province de Soueida est en proie à des violences sectaires meurtrières depuis le 13 juillet, lors d’affrontements opposant des combattants druzes aux tribus bédouines sunnites ainsi qu’à l’armée et à ses alliés. © Bakr Alkasem / AFP 

 

Dans toute la couverture de la bataille, nous avons demandé à nos correspondants de donner la priorité à leur sécurité, en leur soulignant que rien ne vaut la vie d’un journaliste. Mais ils ont été à de multiples reprises exposés à un danger extrême, et nous étions également confrontés au problème de l’interruption des communications avec la province, ce qui a compliqué le travail. Nos correspondants du côté gouvernemental étaient équipés de matériel de protection et nous avons fourni le matériel de communication nécessaire, mais il a fallu attendre la fin des combats pour pouvoir envoyer du matériel de protection à notre correspondant dans la ville assiégée.

La coordination de la couverture et la production texte ont été assurées depuis Damas et Beyrouth. Les équipes ont eu accès à des témoins sur le terrain grâce auxquels nous avons rapporté les exactions ainsi que la situation désespérée à l’unique hôpital de Soueida qui était encore fonctionnel. “Ce n’est plus un hôpital, c’est une fosse commune”, nous a déclaré au téléphone en pleurant une soignante, alors que nos téléphones étaient inondés d’appels désespérés demandant de l’aide. Les violences, dont des exécutions sommaires, certaines documentées par l’AFP, ont fait plus de 2.000 morts selon une organisation de défense des droits humains.

Nous avons choisi de rapporter le témoignage de deux de nos correspondants : l’un, Bakr Kassem, qui a couvert les violences du côté des forces gouvernementales puis tribales, et l’autre, Shadi al-Dubaïssi, qui se trouvait dans la ville même de Soueida.

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Des combattants tribaux et bédouins se déploient dans le quartier occidental de Soueida, le 19 juillet 2025. Les Bédouins syriens et leurs alliés ont combattu des hommes armés druzes dans le cœur de Soueida pour le septième jour consécutif, malgré un cessez-le-feu ordonné par le gouvernement à la suite d’un accord négocié par les États-Unis pour éviter toute intervention militaire israélienne supplémentaire. © Abdulaziz Ketaz / AFP

 


Perspectives

Je m’appelle Bakr Al-Kasem, je suis un photojournaliste originaire de Maarrat al-Numan, dans la région d’Idleb (nord-ouest). Je travaille depuis 12 ans, dont sept ans et demi avec l’AFP, et j’ai acquis mon expérience directement sur le terrain, dans des conditions difficiles.

Le principal défi dans la couverture des événements de Soueida a été l’absence de connexion internet fiable et de sources d’alimentation pendant la couverture continue.

Je me suis appuyé sur l’expérience que j’ai gagnée en couvrant la guerre et les conflits en Syrie pour assurer ma sécurité. Avant tout, je me concentre sur la communication, puis j’étudie l’état des routes et la nature de la région. J’essaye d’être accompagné par un membre de confiance de la communauté locale et je reste en contact avec mes amis pour être informé de la situation sur les routes. Je partage ma localisation en direct avec l’agence pendant tout le déplacement.

J'essaye de ne pas rester trop longtemps au même point lorsque je filme, et je me replie sur un point plus sécurisé lorsque j’ai terminé pour envoyer mes images.

Le plus dur a été d’être témoin de la mort de civils, je me suis senti impuissant face aux victimes, surtout après avoir vu des tueries confessionnelles.

Malgré ses précautions, Bakr a échappé de justesse aux tirs le 19 juillet, lorsqu’il est entré dans la ville de Soueida le 19 juillet dans le sillage des combattants tribaux.

Il s’est retrouvé avec d’autres collègues au milieu d’un échange de tirs alors qu’ils étaient descendus de voiture pour filmer. Alors qu’ils remontaient en voiture pour fuir, trois balles ont atteint le véhicule, mais Bakr et les autres journalistes n’ont heureusement pas été touchés.

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(1) Un membre des forces de sécurité syriennes, à Soueida le 15 juillet 2025. Les forces gouvernementales syriennes sont entrées dans la ville à majorité druze de Soueida le 15 juillet 2025, a indiqué le ministère de l’Intérieur, dans le but de mettre fin aux affrontements avec les tribus bédouines qui ont fait près de 100 morts. © Bakr Alkasem / AFP

(2) Un membre des forces de sécurité syriennes, près de Soueida, le 14 juillet 2025. Au moins 89 personnes ont été tuées dans la province de Soueida alors que les affrontements entre tribus bédouines sunnites et combattants druzes se poursuivaient. © Bakr Alkasem / AFP


Je m’appelle Shadi al-Dubaisi, je suis originaire de Soueida, je suis journaliste depuis 2017 et je travaille avec l’AFP depuis environ deux ans.

Dès le premier jour, ma priorité a été la couverture journalistique. Je me suis rendu dans le centre de la ville, sous les tirs et les bombardements violents. J’ai été visé par un sniper alors que je prenais des images, comme en témoigne une vidéo que j’ai envoyée.  

Quand les forces gouvernementales et leurs alliés sont entrés dans la ville, on ne pouvait même pas s’aventurer dans la rue en raison des exactions et des massacres de civils. Un couvre-feu avait été proclamé, internet était coupé ainsi que l'électricité

A un moment, je me suis réfugié avec deux amis dans un immeuble commercial du centre-ville. Des hommes armés sont arrivés, on les entendait. J’ai appelé le responsable du bureau de Damas et je lui ai dit : “si je meurs, voici les numéros de téléphone de mes parents”.

 

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(1) Des hommes marchent parmi les corps des victimes des récents affrontements entre combattants druzes locaux et tribus bédouines, disposés pour identification dans la cour d’un hôpital de Soueida, le 17 juillet 2025. © Shadi Al Dubaisi / AFP

(2) Attention, contenu sensible : des corps de personnes tuées lors des violences sectaires de la semaine précédente gisent dans une rue de Soueida, le 20 juillet 2025. © Shadi Al Dubaisi / AFP

 

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(1), (2), (3) Des Syriens se rassemblent pour protester contre la situation humanitaire à Soueida, le 28 juillet 2025. Un nouveau convoi d’aide humanitaire est arrivé le 28 juillet, selon les médias officiels, alors que les Nations unies ont averti que la situation humanitaire dans la province de Soueida était critique. © Shadi Al Dubaisi / AFP

 

"Le défi principal de la couverture était qu’il n’y avait pas d’essence, pas de moyens de transport et je devais tout faire à pied en marchant de longues distances, par exemple entre l’hôpital et les rues où les affrontements se sont produits.

Dans chaque rue, chaque maison, il y avait des civils tués, des exécutions sommaires et je ne savais pas par où commencer.

Voir ma ville ainsi bombardée m’a beaucoup affecté. J’ai vu des dizaines de corps gisant dans les rues après la fin des combats. Dans une voiture, il y avait une famille de civils tués alors qu’ils tentaient de fuir. Le père cachait les yeux de son fils, âgé d'à peine cinq ans, pour qu'il ne voie pas les violences.

A l’hôpital, il y avait des centaines de corps, la morgue était saturée et les cadavres jonchaient les alentours de l’hôpital, et les gens venaient chercher leurs proches. L’odeur des cadavres était partout dans la ville et elle nous a poursuivis longtemps après."


 

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