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Les visages du deuil : un photographe de l'AFP, de retour à Gaza, immortalise des Gazaouis parmi les ruines

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Le contexte

Comment illustrer l'exil forcé, puis le retour ? L’avant et l’après ? Et comment représenter ce dont on a soi-même été victime ? Fin janvier 2025, l'ouverture du corridor de Netzarim a permis à des milliers de personnes déplacées de retourner dans le nord de Gaza, où elles ont retrouvé leurs maisons en ruines. À Jabalia, Bashar Taleb, photographe collaborateur de l'AFP – lui-même gazaoui – a immortalisé ses voisins et concitoyens devant ce qui fut autrefois leur foyer. Taleb et John Wessels, chef de la photo AFP pour Israël et les Territoires palestiniens, racontent comment ils ont voulu témoigner de ce moment.

 

 

Ici, un homme de 73 ans, Ali Al-Qanoua, pose parmi les ruines et les débris qui jonchent le sol. Un rideau fait office de porte. Là, une fillette de 12 ans, Maram Al-Assali, se tient au centre de la photo, avec derrière elle un amas de meubles brisés et des blocs de béton éparpillés. Tous deux fixent l’objectif, tout comme les 19 autres Gazaouis de cette série de 21 portraits, debout devant ce qui était autrefois leur maison.

 

 

Ali Al-Qanoua pose devant sa maison détruite à Jabalia

 

Ali Al-Qanoua, 73 ans, pose devant sa maison détruite à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 9 février 2025. © Bashar Taleb / AFP 

 

 

L'offensive israélienne, lancée après les attaques des militants du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, a causé des destructions massives, forçant des centaines de milliers de Palestiniens à fuir leur domicile. Fin janvier 2025, l'ouverture du corridor de Netzarim a permis à des milliers de déplacés de retourner dans le nord de Gaza. C’est dans ce contexte que l’AFP a entrepris de documenter ces retours.
 
Les photographes de l'AFP sont sur le terrain, en première ligne, dès le début. Ils ont été parmi les premiers témoins indépendants des atrocités commises dans le sud d'Israël. Ils ont également suivi, pas à pas, le récit déchirant des otages retenus à Gaza.
À l’intérieur de la bande de Gaza, d'autres journalistes de l'AFP et leurs familles se sont retrouvés piégés alors qu’Israël lançait sa riposte militaire dévastatrice. Beaucoup de ces journalistes ont perdu leur maison, plusieurs ont perdu des membres de leur famille.

 

 

Mohammed Ghneim, 84 ans, et sa femme Aisha, 71 ans, posent devant leur maison détruite à Jabalia.

 

Mohammed Ghneim, 84 ans, et sa femme Aisha, 71 ans, posent devant leur maison détruite à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 9 février 2025. © Bashar Taleb / AFP

L'idée

L'idée de ce projet est née lorsque John Wessels reçoit des photos de Bashar Taleb, un photographe local. 
 
« L'idée m'est venue après l'ouverture du corridor de Netzarim vers le nord de Gaza, permettant à des centaines de milliers de Palestiniens déplacés (dont Bashar) de retourner chez eux. Bashar m’a envoyé des images de ce qu’il restait de sa maison, et ce sont ces images qui m'ont donné l'idée de photographier des familles, des mères, des pères devant ces ruines. Bashar était le photographe idéal pour ce projet, car il vivait cette même réalité. » 
 
John contacte donc Bashar pour lui proposer le projet et implique Mohammed Abed, coordinateur adjoint de l’AFP pour Gaza, afin de s’occuper des aspects logistiques. « Il a fallu plusieurs essais pour obtenir ce que j’avais en tête, mais à la fin, nous avions une série de portraits puissants. »

 

Un homme palestinien boit de l'eau en étant assis à côté de ses affaires près d'une maison détruite dans la ville de Rafah

 

Un homme palestinien boit de l'eau en étant assis à côté de ses affaires près d'une maison détruite dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, le 20 janvier 2025, alors que les habitants retournent chez eux après un accord de cessez-le-feu conclu la veille entre Israël et le groupe palestinien Hamas. © Bashar Taleb / AFP 

Partager sa propre réalité

Bashar Taleb est photographe depuis 14 ans. Il est à la fois collaborateur de l’AFP et résident de Gaza, victime de la guerre. « J’ai 35 ans. Je me suis fiancé pendant la guerre, lors de mon transfert vers la ville de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. » Bashar perd son père et se retrouve responsable de huit personnes. Après un déplacement périlleux, il retourne chez lui et découvre un quartier méconnaissable. 
 
« Je suis revenu chez moi dans le nord de Gaza après un déplacement semé de dangers et d’angoisse. Je devais accomplir mon travail, soutenir ma famille et leur fournir nourriture et eau. À mon retour, j’ai trouvé ma maison complètement détruite. La plupart des logements autour de moi, ceux de mes voisins et amis, étaient devenus inhabitables. »
Dans mon reportage en portraits, j’ai mis en lumière mes voisins et amis qui souffrent comme moi, voire plus encore.
Bashar Taleb Photographe AFP

À travers son travail, Bashar documente la douleur des autres qui, comme lui, ont tout perdu. Il raconte l’histoire de Basil Al-Jubeiri, 30 ans, qui a perdu son épouse sept mois seulement après leur mariage, ainsi que sa mère, à laquelle il était très attaché. Il y a aussi Mahmoud Awad, 37 ans. « Je l’ai retrouvé blessé de cinq balles, tirées par un sniper israélien alors qu’il tentait de récupérer le corps de notre voisin, tué par un char israélien lors du raid sur le quartier de Saftawi, où nous vivons tous », raconte Bashar. « Il n’a pas pu recevoir de soins et a besoin d’une opération lourde pour réparer sa jambe brisée. » 
 
L’une des rencontres les plus marquantes de Bashar est celle avec Talal Al-Asali, 64 ans. « Quand Talal Al-Asali m’a vu, il a fondu en larmes. J’étais le journaliste du quartier, tout le monde me connaissait. En me voyant, c’était comme si chacun avait enfin trouvé quelqu’un à qui confier sa souffrance. En pleurs, il m’a dit qu’il avait perdu quatre de ses fils dans cette guerre. Je l’ai pris dans mes bras et j’ai embrassé sa tête, espérant que ces baisers puissent apaiser son chagrin et son cœur brisé. »

 

 

 

Talal Al-Assali, 64 ans, pose devant sa maison détruite à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 9 février 2025. © Bashar Taleb / AFP

 

 

« Ce sont des histoires que j’ai entendues directement et en détail. Chaque jour, j’essaie de m’asseoir avec ceux que je connais, de les écouter et de me concentrer sur chaque détail des événements qu’ils ont vécus. » Au-delà des tragédies personnelles, les images de Bashar révèlent l’effondrement de la vie quotidienne à Gaza. L’eau et la nourriture sont rares, l’électricité est quasi inexistante, et la population lutte pour survivre avec le minimum. Sans internet, les habitants se rassemblent autour du téléphone de Bashar, avec l’espoir de pouvoir communiquer avec leurs proches. « Ils se regroupent autour de moi comme si j’étais leur seul lien avec le monde extérieur. La vie ici s’éteint lentement, et chacun essaie de survivre avec rien », conclut-il.

 

 

Maram Al-Assali, 12 ans, pose devant sa maison détruite à Jabalia

 

Maram Al-Assali, 12 ans, pose devant sa maison détruite à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 9 février 2025. © Bashar Taleb / AFP

 

 

 

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